La coalition pour mettre fin au charbon en Ontario

Il n’y a pas si longtemps encore, les alertes au smog, les pluies acides et la pollution atmosphérique causaient une kyrielle de problèmes à l’environnement et aux êtres humains dans la province. Outre les véhicules et d’autres sources de combustion de carburants fossiles, la production de charbon – requis par les cinq centrales de production d’électricité alimentées au charbon en Ontario – a considérablement nui à la qualité de l’air (naguère toxique) dans la province.

Pour ceux et celles qui l’ignorent ou l’ont oublié, des alertes au smog étaient émises dans la province les jours où il n’était pas sécuritaire d’être à l’extérieur en raison de la quantité de toxines présentes dans l’air.

En 2003, le charbon représentait 25 % des sources d’énergie de l’Ontario. En 2014, cette proportion est tombée à zéro.

Grâce à une approche coordonnée et progressive, l’Ontario est devenue le premier gouvernement en Amérique du Nord à éliminer complètement le charbon comme source d’électricité.

L’organisme Clean Energy Canada (site en anglais seulement) a déclaré que l’élimination du charbon par la province était la plus importante initiative de réduction des gaz à effet de serre (GES) en Amérique du Nord à ce jour, supprimant efficacement 17 % des émissions de GES de l’Ontario (l’équivalent du retrait de sept millions de voitures de la route).

Aujourd’hui, 94 % de l’électricité produite en Ontario est exempte d’émissions de GES.

« La production de charbon en Ontario et dans d’autres parties de l’Amérique du Nord, dont le Midwest américain, a grandement contribué aux pluies acides et aux problèmes de smog en Ontario à cette époque-là », souligne Gideon Forman, analyste des politiques relatives aux changements climatiques et aux transports à la Fondation David Suzuki. « Les centrales au charbon produisent également du mercure et de l’arsenic, ce qui a occasionné des problèmes de santé pour bien des Ontariens. Les particules en suspension dans le smog, dont une partie provient des centrales au charbon, sont en cause dans le cas du cancer du poumon et de nombreuses autres maladies graves. »

Contrairement aux États-Unis où les centrales au charbon appartiennent à des entreprises privées – et dont les activités sont beaucoup plus difficiles à faire cesser –, les centrales en Ontario relevaient du domaine public. Même si elles produisaient un quart de l’approvisionnement en énergie de la province, M. Forman explique qu’il y a eu beaucoup d’appui public pour éliminer le recours au charbon, et ce, pour la qualité de l’air et, au fur et à mesure que le mouvement prenait de l’importance, à la lumière des changements climatiques.

La coalition pour mettre fin au charbon dans la province était une initiative du ministère ontarien de l’Énergie, du Développement du Nord et des Mines, partagée par deux de ses organismes du secteur de l’énergie : Ontario Power Generation (site en anglais seulement) et la Société indépendante d’exploitation du réseau d’électricité.

Dans son rôle antérieur à la direction de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement (site en anglais seulement), M. Forman se souvient aussi que ce sont les médecins, les infirmiers et les infirmières de l’Ontario qui ont contribué à conseiller le gouvernement et à sensibiliser la population. Alors que le gouvernement reconnaissait les répercussions positives sur la santé et l’environnement, il était guidé dans les coulisses par la science et par l’impact sur l’être humain que mettaient de l’avant les professionnels de la santé au regard de leurs patients souffrant de la pollution de l’air en Ontario.

Entre 2003 et 2014, pour atténuer la pénurie possible d’énergie pouvant découler de l’élimination graduelle du charbon, la province a augmenté la capacité de ses centrales au gaz naturel de 5 500 mégawatts et a remis en service deux installations nucléaires de Bruce Power (remises à neuf afin de produire plus de 1 500 mégawatts). « À mon avis, il ne s’agissait pas d’alternatives propres, mais elles étaient considérées comme des solutions de rechange à court terme pour maintenir la stabilité du réseau. »

En 2014, outre un petit bond en avant pour l’énergie hydroélectrique, la partie la plus exaltante de l’élimination du charbon pour M. Forman a été la suivante : la promesse de disposer de plus de 5 500 mégawatts d’énergie renouvelable, particulièrement de sources éolienne et solaire. Ne représentant que 7 % de l’approvisionnement en 2014 (lorsque la dernière centrale au charbon a été fermée à Thunder Bay), cette énergie propre a néanmoins aidé la province à préparer le terrain pour d’importants investissements au chapitre de la production d’énergie renouvelable et pour assurer un avenir plus propre et plus durable.

« De grands pays comme l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine et les pays scandinaves sont en train d’augmenter leur production d’énergie renouvelable, et leur économie est florissante », remarque M. Forman. « C’est très pratique pour un pays comme le nôtre, dont la population est relativement petite mais qui dispose de ressources solaires et éoliennes de première classe. Il suffit de penser aux prairies du sud de l’Alberta, du Manitoba et de la Saskatchewan, et à l’abondance de l’hydroélectricité au Québec. Tout ça, allié aux initiatives de conservation, me dit qu’il est parfaitement possible d’alimenter entièrement le Canada avec de l’énergie renouvelable. »

C’est un objectif similaire que poursuit le gouvernement du Canada, qui promet que l’ensemble du pays sera débarrassé du charbon d’ici 2030 et qu’il sera zéro émission d’ici 2050. Il reste à voir si cet avenir sera alimenté uniquement par de l’énergie renouvelable.

Lorsqu’on lui demande ce qui le fait vibrer dans son domaine et pour l’avenir, M. Forman mentionne la Suédoise de 18 ans Greta Thunberg, militante pour la lutte contre les changements climatiques, et le mouvement des jeunes sur la question climatique qui déferle sur la planète. « Les jeunes descendent dans les rues et exigent que les gouvernements agissent. Je trouve ça très impressionnant et émouvant. »

La coalition pour mettre fin au charbon a peut-être évolué en une coalition pour mettre fin aux changements climatiques. Une nouvelle génération. Une nouvelle cause importante.

Pour sa part, Hydro Ottawa promet de contribuer à bâtir un avenir énergétique intelligent pour la capitale nationale en répondant aux besoins en électricité de la collectivité et à ses attentes sur le plan environnemental. La filiale d’Hydro Ottawa, Portage Énergie, est le plus grand producteur d’énergie verte appartenant à une municipalité en Ontario; ses installations hydroélectriques et solaires ainsi que ses centrales de conversion des gaz d’enfouissement produisent suffisamment d’électricité renouvelable pour alimenter 107 000 résidences. Et l’innovation continue d’être une priorité. En octobre 2020, en partenariat avec Zibi Canada et Produits Kruger, Hydro Ottawa a commencé la construction du service public de Zibi. Il s’agit d’un système énergétique de quartier – zéro carbone – qui fournira du chauffage et de la climatisation à tous les locataires et les résidents de la communauté riveraine de 34 acres, située au centre-ville d’Ottawa (la mise en service est prévue en 2021).

Pour en apprendre davantage sur la fin du charbon en Ontario, écoutez notre entrevue complète avec Gideon Forman sur notre balado ThinkEnergy (accessible en anglais seulement).

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