Le moment est venu de repenser complètement le réseau qu’on connaît depuis plus de cent ans.
Au cours de la prochaine décennie, Hydro Ottawa va investir considérablement pour améliorer le réseau d’électricité de la capitale afin de l’adapter aux réalités et aux besoins du 21e siècle. L’objectif : moderniser le réseau pour le rendre plus efficace, fiable, résilient et durable.
Le réseau d’électricité, souvent qualifié de plus grosse machine au monde, a énormément évolué. D’un système unidirectionnel conçu au début du 20e siècle, il est devenu un réseau beaucoup plus complexe qui doit prendre en charge des ressources renouvelables, un flux d’énergie bidirectionnel et des véhicules électriques.
Cette transformation exige des changements plus rapides et l’adoption de nouvelles technologies qui permettront au réseau de composer avec les défis à venir. Consciente que l’électricité est fondamentale pour la transition énergétique du Canada et cruciale pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les transports et les bâtiments, Hydro Ottawa a déjà commencé à préparer le terrain.
« Il y a différents facteurs qui ont des répercussions sur notre industrie », dit Jenna Gillis, gestionnaire de l’intégration du réseau de distribution à Hydro Ottawa. « L’électrification et les changements climatiques, la production d’énergie décentralisée et le stockage d’énergie – tout ça nous pousse à accélérer le déploiement de nouvelles technologies. Les changements surviennent à un rythme plus rapide, et notre réseau doit être en mesure de composer avec la demande croissante et changeante tout en maintenant sa fiabilité et sa robustesse. »
Une question de données – beaucoup de données
La modernisation du réseau est perçue comme une pyramide de couches superposées, la pierre angulaire étant constituée de données. À la base, on retrouve des dispositifs – comme des capteurs, des interrupteurs et des compteurs contrôlés à distance – qui recueillent des données en temps réel. Celles-ci sont ensuite transmises au moyen d’une infrastructure de communication, gérées et organisées par des systèmes de gestion de données et finalement utilisées par des applications et des outils d’analyse. L’objectif : prendre des décisions éclairées et même effectuer automatiquement certaines tâches sans intervention humaine. C’est ce qu’on appelle un « réseau capable d’autoréparation ».
« Ça fait des années qu’on installe des dispositifs télécommandés, et le rythme d’installation s’accélère », explique Mme Gillis. « Ce qu’il faut comprendre, c’est que le fait d’avoir plus de données en provenance du terrain et plus de commandes à distance va diminuer la nécessité d’envoyer des camions et des équipes pour intervenir physiquement sur l’équipement. La modernisation du réseau va permettre de réparer les pannes plus rapidement et avec plus de précision. »
Par le passé, les projets se concentraient sur des exigences spécifiques. Mais aujourd’hui, la modernisation du réseau est en train de devenir la base de tous les projets, faisant de la collecte et de l’utilisation des données un prérequis pour toute initiative en lien avec le réseau. Cette transition nécessite une approche programmatique qui priorise la constitution d’une infrastructure complète de traitement des données qui sera en mesure de soutenir des projets et des innovations devant être raccordés au réseau.
Un plan de 10 ans
Contrairement aux actifs traditionnels comme les fils et les poteaux, les actifs nécessaires à la modernisation – comme les capteurs – sont intégrés à cette infrastructure de traitement des données. Ils en dépendent aussi. En conséquence, il est crucial de privilégier une approche qui arrime technologies de l’information, technologies de l’exploitation, opérations et gestion des actifs pour activer le plein potentiel de la modernisation du réseau.
Jenna Gillis dresse le portait des objectifs stratégiques du plan de modernisation du réseau d’Hydro Ottawa, réparti sur 10 ans :
- Amélioration de la fiabilité : Multiplier les dispositifs de surveillance et d’intervention à distance pour accroître la capacité de réparation automatique des pannes.
- Adaptation de la flexibilité du réseau : Faire en sorte que le réseau puisse réagir de manière dynamique à la demande d’électricité sans cesse changeante, attribuable par exemple aux thermopompes, aux véhicules électriques et à la production d’énergie solaire.
- Résilience accrue et sécurité robuste : Améliorer la capacité du réseau à résister aux perturbations – physiques et technologiques – et à se protéger contre les cybermenaces.
- Renforcement de l’engagement client : Mieux informer les clients sur l’autoproduction d’énergie et sur leur consommation d’électricité, et leur permettre de prendre des décisions éclairées.
- Décarbonation durable et intégration d’énergie renouvelable : Réduire l’empreinte carbone en optimisant la planification et l’exploitation, et incorporer des ressources renouvelables dans le réseau.
« On a une bonne prise sur les objectifs qu’on veut faire aboutir au cours des 10 prochaines années », affirme Jenna Gillis. « Mais on comprend aussi que le processus va être dynamique et évoluer constamment en fonction de la technologie et d’autres facteurs déterminants du marché. Cette feuille de route est bien adaptée à notre vision d’aujourd’hui, jusqu’à ce que quelque chose change demain. Et ça nous va comme ça, nous avons conçu notre plan pour qu’il s’adapte. »
Adaptation aux changements climatiques
Bien entendu, la modernisation du réseau est grandement motivée par les changements climatiques et les événements météorologiques extrêmes. Ce mois-ci d’ailleurs, l’Ontario a reçu le titre de nouvel épicentre provincial des tornades au Canada (article en anglais). Pour les citoyens d’Ottawa, ce n’est probablement pas étonnant compte tenu de ce qu’ils ont vécu au cours des dernières années.
« Les Ottaviens ne se demandent pas “si” un autre gros événement météo va se produire, mais plutôt “quand” », remarque Jenna Gillis. « On a toujours tenu compte de ce genre de choses dans la planification de nos actifs, mais maintenant, la fréquence et la gravité de ces tempêtes est de plus en plus élevée. »
Hydro Ottawa priorise la résilience du réseau pour mieux résister aux phénomènes météo plus fréquents et plus dévastateurs – et mieux s’en remettre. À cet égard, elle ne se préoccupe plus seulement de fiabilité, elle planifie de manière proactive en prévision des perturbations. Parmi les stratégies mise de l’avant : révision des éléments de conception, renforcement des poteaux et enfouissement des lignes aériennes dans les secteurs à haut risque. Ces mesures sont intégrées à la gestion des actifs et aux plans de déploiement afin de pouvoir compter sur une infrastructure de réseau plus résiliente.
La modernisation du réseau n’est pas seulement une mise à niveau : c’est une transformation fondamentale de notre système électrique tel qu’on le connaît aujourd’hui. C’est une évolution basée sur les données, où les dispositifs intelligents, les communications intégrées et les outils d’analyse évolués travaillent ensemble pour créer un réseau plus fiable, résilient et centré sur la clientèle. Cette transformation est propulsée par une orientation stratégique axée sur la fiabilité, la flexibilité, la résilience, l’engagement client et la durabilité. En assumant ces changements, nous nous adaptons non seulement à la demande d’électricité du 21e siècle, mais nous préparons aussi la voie à un avenir énergétique plus durable et résilient pour notre ville et les prochaines générations.
Dans cet article, nous n’avons qu’effleuré le sujet. Pour écouter notre entrevue complète avec Jenna Gillis, branchez-vous à notre balado ThinkEnergy (en anglais seulement).