Au Canada, les femmes représentent environ 1 % à 2 % de l’effectif de techniciens de lignes électriques qui travaillent présentement dans l’industrie de l’électricité.
Cette proportion illustre à quel point les femmes sont sous-représentées dans le secteur de l’énergie, particulièrement dans les corps de métiers et le personnel technique. D’ailleurs, les femmes comptent pour seulement 22 % des travailleurs qui occupent des postes dans le secteur de l’énergie.
À Hydro Ottawa, le rôle principal des techniciens de lignes électriques consiste à effectuer des réparations et à assurer la constance de l’approvisionnement en électricité à nos clients. À cette fin, les techniciens installent et entretiennent les infrastructures aériennes et souterrains. Lorsqu’une panne survient, ce sont eux qui vont sur le terrain et qui travaillent sans relâche pour localiser le problème, poser un diagnostic et rétablir le courant. Il s’agit d’un métier où la diversité des genres peut et devrait exister.
Des études indiquent que les milieux de travail diversifiés au chapitre des genres sont florissants, qu’ils font preuve de plus d’innovation et réussissent mieux financièrement. Alors, dans un secteur en pleine évolution comme celui de l’énergie, comment les entreprises peuvent-elles arriver à attirer des femmes? Selon Ressources humaines, industrie électrique du Canada, les femmes se heurtent à des obstacles, notamment la discrimination, un manque de mentorat et une culture d’entreprise non inclusive.
Lana Norton, une employée d’Hydro Ottawa qui est également fondatrice et directrice générale de l’organisme sans but lucratif Women of Powerline Technicians, est diplômée du programme de techniques de lignes électriques du Collège Cambrian depuis 2010. À l’époque déjà, elle traçait la route pour d’autres étudiantes dans le domaine puisqu’elle était la deuxième femme seulement à suivre et terminer ce programme d’apprentissage de deux ans.
« Je pense que le secteur de l’énergie réussit très bien, depuis quelque temps, à démontrer et à communiquer que des femmes sont là et qu’elles réussissent au travail », souligne Lana Norton. « Nous voyons de brillantes initiatives comme le programme We Saved You a Seat du Collège Algonquin, qui réserve aux étudiantes 30 % de ses places dans cinq de ses programmes axés sur les sciences, les technologies, le génie et les mathématiques. Le programme de techniques de lignes électriques est du nombre. » Les initiatives de formation et de marketing comme celle-là contribuent à encourager les étudiantes à envisager une carrière dans ces champs d’études.
Les histoires comme celle de Lana ont aussi leur importance : forte d’une décennie d’expérience sur le terrain dans le secteur canadien de l’électricité, Lana a progressivement gravi les échelons dans les opérations de distribution. D’apprentie technicienne de lignes électriques, en affectation principalement à l’extrémité est de la ville, elle est passée au poste d’opératrice de terrain pour l’ensemble du territoire, où elle a acquis de l’expérience avec le réseau électrique d’Ottawa en travaillant avec des équipes sur des quarts 24/7.
Lana dit qu’elle a aimé découvrir la vue d’ensemble du réseau d’électricité d’Ottawa et son fonctionnement harmonieux malgré les différences géographiques et techniques en présence. Elle a aussi apprécié de comprendre – sur le terrain – comment l’électricité circule dans la ville. À partir de là, elle a accepté un poste de technicienne de terrain et a contribué à la planification et à la construction d’imposantes lignes aériennes. Aujourd’hui, Lana est superviseure des services de comptage sur le terrain.
« Quand je pense au futur, je suis vraiment emballée par les ressources énergétiques distribuées et par ce qu’elles apportent à la capacité de notre réseau », indique Lana. « J’aimerais contribuer davantage au mouvement multilatéral de durabilité du réseau et à une politique énergétique. Mais pour le moment, j’apprécie mon travail avec l’équipe de comptage. »
Lana estime que des choses doivent être dites haut et fort pour encourager davantage de femmes à choisir une carrière dans les métiers et les techniques : il faut leur faire savoir à quel point la profession est valorisante, innovatrice et porteuse d’avenir. « Nous construisons des réseaux d’énergie qui alimentent l’avenir, nous faisons évoluer la technologie des réseaux intelligents pour des collectivités carboneutres et nous investissons dans le stockage d’énergie », explique Lana. Heureusement, cette proposition de valeur touche une corde sensible chez les jeunes d’aujourd’hui, car nombreux sont ceux qui se passionnent pour les changements climatiques et la durabilité de l’avenir énergétique.
« En tant que leaders, nous devons porter attention aux connaissances que la prochaine génération apporte à la main-d’œuvre en place », ajoute Lana. « Les jeunes ont beaucoup de vision et d’idées sur la manière de transformer notre industrie. Et avec davantage de voix et de perspectives diversifiées, nous serons tous gagnants. »
Compte tenu de la pénurie de main-d’œuvre spécialisée au Canada, Lana encourage les jeunes femmes et les acteurs du changement à contribuer au futur énergétique. « Aux filles, je dirais que c’est le moment, maintenant, de s’orienter vers les métiers spécialisés et que oui, vous êtes parfaitement capables de faire ce type de travail », lance Lana. « Une carrière dans les métiers ou les techniques du secteur de l’énergie procure une stabilité financière et, vraisemblablement, le mode de vie et les défis que vous souhaitez. »
On demande à Lana ce qu’elle dirait à elle-même à un plus jeune âge, si elle pouvait retourner dans le temps. Elle répond : « Je dirais à cette jeune fille qu’elle va aimer la personne qu’elle va devenir et qu’elle va être farouchement indépendante. »
Pour en apprendre davantage sur Lana, son expérience sur le terrain et sur son organisme Women of Powerline Technicians, écoutez notre entrevue complète avec elle sur le balado ThinkEnergy (diffusion en anglais seulement).