La sonnette d’alarme de l’énergie renouvelable

En 1902, les pionniers de l’électricité se sont rencontrés pour la première fois à Berlin (aujourd’hui Kitchener), Ontario, pour discuter du raccordement des clients ontariens afin de former un réseau électrique provincial. D’ailleurs, la compagnie qui nous a précédés – la Ottawa Hydro Electric Commission – s’est branchée au réseau provincial en 1916. Auparavant, le courant fiable et constant était rare dans la région. Ce raccordement a considérablement amélioré la qualité de vie des résidents d’Ottawa.

Le réseau électrique de l’Ontario, comme tous les réseaux de la planète, a été conçu à l’image d’une rue à sens unique : produire de l’électricité, la transporter et la livrer aux clients. À l’époque, nos pionniers ne pouvaient vraisemblablement pas imaginer que le réseau électrique deviendrait un système interactif à deux sens. Plus précisément, que ce réseau serait capable de s’adapter à l’approvisionnement variable en énergie renouvelable ou de composer avec les véhicules électriques, le stockage d’énergie, la production d’énergie à la maison et avec un éventail d’autres innovations.

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Le réseau électrique du futur est interactif et évolue rapidement

Électrification : d’une étincelle jaillit une grande transformation

Le réseau électrique s’apprête à subir une autre transformation majeure grâce à l’expansion de l’électrification. L’Institut climatique du Canada définit l’électrification comme ceci : « fait de remplacer des combustibles fossiles par l’électricité, par exemple en utilisant une thermopompe électrique plutôt qu’une chaudière au mazout ou au gaz naturel pour chauffer un bâtiment, ou en changeant un véhicule muni d’un moteur à combustion interne pour un véhicule électrique. »

Les principaux facteurs qui contribuent aux gaz à effet de serre en Ontario sont les suivants : le pétrole raffiné, utilisé surtout dans les transports; le gaz naturel, qui sert principalement à chauffer les maisons et les bâtiments; et les procédés énergétiques utilisés dans le secteur industriel, particulièrement les aciéries, les cimenteries et les usines de produits chimiques.

Le Canada a besoin de l’électrification pour atteindre son objectif de carboneutralité d’ici 2050. Avec l’électrification, on estime qu’il faudra le double d’électricité d’ici 2050 comparativement à aujourd’hui. Pour répondre à cette demande, la capacité de production d’électricité du pays devra doubler ou tripler tandis que ses installations de production d’énergie renouvelable devront se multiplier par dix.

Cependant, une autre échéance approche à grands pas. En fonction des orientations établies par l’International Energy Agency, le gouvernement s’est engagé à ce que l’ensemble de la production d’électricité du Canada soit carboneutre d’ici 2035.

Dans son rapport intitulé Électrifier le parcours du Canada vers la carboneutralité, l’Association canadienne de l’énergie renouvelable a tiré la sonnette d’alarme à l’endroit des gouvernements, des compagnies d’électricité, des organismes de réglementation, des exploitants du réseau d’électricité et de l’industrie de l’énergie renouvelable. Le message? Que le Canada se mette immédiatement au boulot pour respecter son engagement à l’égard de la carboneutralité.

« Si on regarde l’objectif de 2035, ça fait une grosse différence si on réduit constamment nos émissions d’ici 2050 », souligne Robert Hornung, président et chef de la direction de l’Association canadienne de l’énergie renouvelable. « L’importance de l’électrification, en ce qui a trait au parcours vers la carboneutralité, c’est que plus tôt nous avons un réseau d’électricité décarboné et propre, plus tôt nous pouvons bénéficier des mesures prises pour électrifier les transports ou pour électrifier les bâtiments, et nous pouvons ainsi maximiser les réductions d’émissions qui en découlent. »

Une question se pose : quel type de production d’énergie nous permettra d’en arriver là?

Heureusement, le Canada dispose déjà d’un des réseaux d’électricité à plus faibles émissions au monde. Plus de 80 % de l’électricité produite au pays est issue de sources complètement exemptes d’émissions de gaz à effet de serre. Le secteur ontarien de l’électricité est l’un des plus propres au Canada, produisant 94 % de son électricité à partir de sources non émettrices. Ce pourcentage élevé est principalement attribuable aux efforts concertés visant à éliminer les usines au charbon de la province, déployés entre 2003 et 2014 (qui ont mené, à eux seuls, à une réduction de 31 mégatonnes) ainsi qu’à des investissements dans des projets d’énergie renouvelable.

« Il y a beaucoup d’études qui se penchent sur les divers parcours possibles pour atteindre la carboneutralité. Ces études recommandent qu’il faut d’abord et avant tout décarboner complètement la production d’électricité », précise Robert Hornung. « Ces études démontrent systématiquement que la majeure partie de cette nouvelle électricité va devoir provenir de l’éolien et du solaire, car ce sont les options les moins chères pour produire de nouvelles quantités d’électricité dans notre monde aujourd’hui. »

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Le solaire, le stockage de l'énergie et l'éolien s'avèrent être des options peu coûteuses pour l'avenir de l'électricité propre

L’Institut climatique du Canada est du même avis. Dans son rapport intitulé Plus grands, plus propres, plus intelligents : aligner les systèmes électriques canadiens avec la carboneutralité, l’Institut affirme que « sur la voie de la carboneutralité, la part de l’énergie renouvelable variable dans l’approvisionnement en électricité devra augmenter dans chaque région du Canada, ce qui en fait l’une des valeurs sûres les plus importantes quant à la transformation des systèmes électriques. Ce rôle essentiel découle de la diminution rapide et continue du coût de l’énergie renouvelable variable, et en particulier de l’énergie solaire photovoltaïque et de l’éolien. De 2010 à 2019, le coût moyen de l’énergie solaire photovoltaïque a chuté de 82 %, tandis que les coûts de l’éolien terrestre et maritime ont baissé de 40 % et de 29 % respectivement. »

Le Canada est l’un des plus grands producteurs d’énergie éolienne et solaire au monde. À la fin de 2021, sa puissance éolienne installée s’élevait environ à 14 304 mégawatts (MW) et la puissance solaire installée pour les projets majeurs s’élevait environ à 2 399 MW.

Selon Robert Hornung, l’Association canadienne de l’énergie renouvelable a fait un examen rigoureux des chiffres liés aux mesures nécessaires pour atteindre la cible de carboneutralité d’ici 2050. « Chaque année au cours des 30 prochaines années, nous allons devoir construire des installations éoliennes et solaires à un rythme huit fois plus rapide que notre rythme moyen de construction au cours des cinq dernières années. C’est pourquoi nous devons nous mobiliser rapidement. Au Canada, pour y arriver, nous avons d’immenses ressources éoliennes et solaires inexploitées dans toutes les régions du pays. C’est faisable. »

Assurer la fiabilité du réseau avec de l’énergie variable

Inimaginable en 1902 lorsque le réseau d’électricité provincial n’était encore qu’un rêve, le réseau d’aujourd’hui est en train d’évoluer pour devenir plus intelligent et plus flexible, et ce, afin de composer avec l’approvisionnement en énergie renouvelable variable, comme l’énergie solaire et éolienne.

« Le stockage d’énergie et d’autres technologies de réseau intelligent vont nous permettre d’intégrer davantage d’énergie éolienne et solaire dans le panier énergétique provincial, tout en assurant la fiabilité du réseau électrique », explique Robert Hornung. « Chaque province a un réseau d’électricité unique, un ensemble unique d’installations de production et un éventail unique d’options pour la future production d’électricité. Par conséquent, le parcours vers la carboneutralité va être différent d’une province à l’autre. Si les provinces collaborent davantage pour interconnecter leurs réseaux respectifs, le résultat se traduira par encore plus d’options pour progresser vers la carboneutralité. Et en général, davantage d’options, ça veut dire plus de flexibilité et plus de moyens de réduire les coûts. »

Lorsqu’on lui demande ce qui l’enthousiasme dans l’industrie de l’énergie renouvelable à l’heure actuelle, Robert Hornung répond ceci : « Le potentiel est énorme. Je crois que ces technologies seront la pierre angulaire et le cœur du nouveau réseau électrique de demain. Dans notre rapport, nous concluons en disant qu’il faut agir maintenant et qu’il faut agir ensemble. Nous avons toutes les raisons du monde de réussir et de relever ce défi. Et le moment de passer à l’action, c’était hier. »

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Grande installation de panneaux solaires sur le centre récréatif François Dupuis à Ottawa

Envie de vous téléporter dans le futur dès maintenant?

Il existe des subventions pour les propriétaires résidentiels qui souhaitent installer une thermopompe, un système d’énergie solaire et bien plus encore grâce à l’initiative de Subvention canadienne pour des maisons plus vertes. Du financement est également offert par le programme Maisons Durables Ottawa. Pour en savoir plus sur les thermopompes, lisez notre article.

Le gouvernement de l’Ontario a récemment clarifié les critères d’admissibilité pour les clients qui adoptent la production d’énergie renouvelable (comme un système solaire de toiture) pour leur ferme, leur résidence ou leur entreprise, et ce, grâce à un arrangement avec un tiers propriétaire. Cette modification élargit les choix pour les consommateurs et leur offre plus de possibilités pour gérer leurs factures d’électricité.

Et comme les transports sont responsables du quart des émissions de gaz à effet de serre au Canada, il y a des incitatifs financiers pouvant atteindre 5 000 $ qui sont applicables à certains véhicules électriques jusqu’au 31 mars 2025 (ou jusqu’à ce que les fonds soient épuisés).

Enfin, pour en apprendre beaucoup plus sur notre entretien avec Robert Hornung – sujets qu’on ne pouvait pas tous couvrir dans cet article –, écoutez notre balado ThinkEnergy (diffusé en anglais seulement). 

 

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