Adoption des VE : le réseau, la batterie et l’évangéliste

Selon le département de l’Énergie des États-Unis, les véhicules électriques ont été inventés il y a près de 200 ans. Vers 1832, le premier véhicule électrique est développé par Robert Anderson, un inventeur écossais. De l’autre côté de l’Atlantique, un inventeur américain, Thomas Davenport, en crée un lui aussi dans les mêmes années. 

Ces prototypes rudimentaires évoluent au fil des décennies jusqu’à la fin des années 1800, jusqu’à la production de versions raffinées et pratiques s’apparentant davantage à des calèches électriques, particulièrement celle de Karl Benz (en anglais seulement). Au début du 20e siècle, le tiers de tous les véhicules aux États-Unis sont électriques.

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    Voiture électrique de Paul Pouchain. Source : La ilustración artística 1894 

Alors, qu’est-ce qui a changé?

De nombreux historiens jettent le « blâme » sur Henry Ford et sur la popularité du Modèle T Ford en 1908. Ce véhicule avait certes une meilleure autonomie grâce à la distance qu’il pouvait parcourir avec un plein de gazoline, mais il faut aussi savoir que l’électricité n’était pas disponible partout à l’époque. Pour les adeptes de VE (les « vrais » précurseurs), la recharge de batterie était donc compliquée. De plus, en 1912, une voiture à essence coûtait 650 $, tandis que les véhicules électriques se vendaient beaucoup plus cher, soit 1 750 $ (en anglais seulement).

Alors, si vous avez l’impression que les batteries, l’autonomie et les prix sont pour les consommateurs des enjeux majeurs qui n’ont pas beaucoup changé en 100 ans, vous n’avez pas tout à fait tort. En 2021, un véhicule neuf sur 20 acheté au Canada était électrique. C’est environ 5 % des ventes d’automobiles.

Au Canada, et particulièrement si on consulte la carte ChargeHub des bornes de recharge en Ontario, l’angoisse de la panne est un facteur de moins en moins déterminant pour les acheteurs de VE. Bien que le prix soit encore un aspect important, Loren McDonald, de l’organisme EVAdoption situé dans la région de la baie de San Francisco – et qualifié par ses partisans d’« évangéliste du VE » –, estime que la plupart des consommateurs vivent maintenant « l’angoisse de la borne ». Selon lui : « Les consommateurs veulent un accès pratique à des bornes de recharge ultrarapides et très puissantes. » Il ajoute : « Le plus gros défi est le suivant : comment les gens qui vivent en appartement et en condo peuvent-ils charger leur véhicule s’ils n’ont pas de garage ou s’ils peuvent uniquement se stationner dans la rue, comme c’est souvent le cas au centre-ville? La moitié de la population n’a tout simplement pas un accès approprié à des bornes. C’est le gouffre qu’il faut franchir. »

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La clé du succès des VE : augmenter le nombre de bornes publiques rapides

Tout est une question de perception

Présentement, les consommateurs envisagent la recharge de leur véhicule électrique de la même manière qu’ils le font pour le plein d’un véhicule à essence. Loren McDonald croit que cette façon de penser doit changer. « Pour l’utilisation quotidienne d’un VE, entre 90 % et 95 % de la recharge se fait à la maison durant la nuit, pendant qu’on dort. » 

« C’est simple, la recharge de votre véhicule électrique s’apparente davantage à la manière dont vous chargez votre téléphone intelligent qu’à la façon dont vous faites le plein d’un véhicule à essence », explique Loren. « Un grand nombre de consommateurs ont cette perception : recharger leur VE devrait se faire exactement comme s’ils s’arrêtaient à une station-service. Mais dès qu’on achète un VE et qu’on l’utilise tous les jours, on se rend compte que non, c’est plus comme un téléphone qu’on branche pour la nuit. » Loren précise que la seule occasion où un VE est comparable à un véhicule à essence, c’est lorsqu’on prend la route pour une escapade estivale.

Pour les consommateurs, il semble que, bientôt, le choix de la transition électrique se fera à leur place. Tous les grands fabricants automobiles, de General Motors aux légendaires marques de luxe comme Jaguar, Mercedes-Benz et Porsche, vont passer aux véhicules hybrides enfichables ou entièrement électriques au cours des 10 prochaines années. Ford a récemment lancé une version électrique de son véhicule le plus populaire, la camionnette F-150. Loren McDonald est d’avis que le modèle F-150 de Ford représente un tournant décisif et, du moins en Amérique du Nord, qu’il sera perçu comme le VE le plus important de l’histoire. 

« Les pick-up sont extrêmement populaires en Amérique du Nord », dit-il. « Le F-150 de Ford est le véhicule le plus vendu, pas seulement dans sa catégorie, mais aussi le plus vendu aux États-Unis et dans le monde depuis 40 années d’affilée. En devenant électrique, cette camionnette utilitaire bien-aimée va faire réaliser à l’Américain moyen qu’il existe bel et bien des alternatives. Avec le F-150 électrique qui circule désormais sur les routes, combiné aux prix élevés de l’essence, les VE ont véritablement la cote en ce moment. »

Si Henry Ford est celui qui a tué le véhicule électrique il y a plus de 100 ans, il serait ironique que Ford soit la compagnie qui ressuscite aujourd’hui le véhicule électrique sur le marché populaire.

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Le F-150 Lightning de Ford change-t-il la donne pour les acheteurs de VE potentiels?

Véhicules à émission zéro d’ici 2035

On voit beaucoup de curiosité et d’intérêt à la fois chez les constructeurs et les consommateurs depuis que le gouvernement du Canada a fixé une nouvelle cible obligatoire selon laquelle la totalité des voitures et camions légers à passagers neufs vendus seront des véhicules zéro émission d’ici 2035. Cette cible est assortie de diverses mesures pour soutenir l’évolution vers l’électrification des transports. Rien n’est négligé : incitatifs aux points de vente, investissements dans des installations de recharge et dans les infrastructures du réseau d’électricité ainsi que partenariats avec des constructeurs automobiles.

« D’un point de vue financier, le rabais au point de vente est quelque chose que le Canada a bien compris », estime Loren McDonald. « Mais les investissements du Canada visent beaucoup plus à résoudre de vrais problèmes, comme la construction d’infrastructures pour VE dans les milieux de travail, aux complexes d’habitation et aux commerces de détail. Cette approche est beaucoup plus équilibrée comparativement à celle des États-Unis, qui se concentre trop sur l’installation de bornes rapides le long des grands axes routiers. »

Néanmoins, Loren McDonald pense qu’aucun pays ne devrait supposer que les VE vont régler tous les problèmes du monde au chapitre de la réduction à court terme des émissions de gaz à effet de serre. « Les VE vont ralentir l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, mais ils n’arriveront pas vraiment à les réduire au cours des 10 prochaines années. » Il précise qu’il a analysé les données et qu’il y aura davantage de véhicules à essence sur les routes en 2030 qu’on en dénombre aujourd’hui. Au lieu de seulement promouvoir les VE, Loren croit qu’il faut envisager des solutions de rechange viables, par exemple offrir des véhicules hybrides aux consommateurs et inciter les gens à simplement délaisser l’auto en accroissant les investissements dans les transports en commun.

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Le nombre d’autobus électriques d’Ottawa devrait s’élever à 450 d’ici 2027

Préparation du réseau pour l’adoption massive des VE

De son côté, Hydro Ottawa se penche actuellement sur des études pour déterminer l’impact de la pénétration des VE sur le marché et les répercussions sur la mise à niveau de l’infrastructure et sur les coûts afférents à court et long terme. Nous analysons les effets des VE sur le réseau dans son ensemble, mais aussi sur la distribution locale dans des quartiers précis de la ville.

Comme les données relatives aux ventes de VE, aux cibles municipales et à la démographie de la ville changent rapidement, nous mettons tout en œuvre pour nous assurer que les mises à niveau de l’infrastructure soient faites en temps opportun pour fournir un service d’électricité fiable à nos clients.

Nous élaborons déjà des plans pour faire évoluer notre réseau de sorte qu’il puisse composer avec les VE dans le futur. Ainsi, nous évaluons l’augmentation de la charge sur notre réseau en nous basant sur des tendances historiques et sur de nouvelles données afin d’être prêts à une hausse rapide de la charge électrique. Ce faisant, nous pouvons prévoir avec plus de précision l’éventuelle charge liée aux VE de manière à mieux planifier des mises à niveau dans tous les quartiers pour répondre à la future demande attribuable aux VE.

En fonction des analyses préliminaires, nous croyons que l’augmentation de la charge sera déjouée par les technologies intelligentes. Nous évaluons comment les investissements en capital peuvent être priorisés, étalés dans le temps et optimisés tout en atténuant les répercussions sur les tarifs des clients et en réalisant nos travaux dans le respect de la population. Nos études de haut niveau initiales et notre expérience à ce jour indiquent qu’il est généralement faisable d’absorber jusqu’à 25 % plus de charge attribuable aux VE et leur infrastructure avant qu’une puissance accrue ne soit nécessaire. 

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Recharge des batteries des véhicules électriques de la Ville d’Ottawa

Pour en savoir davantage sur les VE et ce que fait Hydro Ottawa pour assurer la réussite de la pénétration des VE sur le marché, cliquez ici. En complément : lisez au sujet de l’objectif de carboneutralité d’Hydro Ottawa d’ici 2030.

Écoutez la conversation intégrale avec l’« évangéliste » des VE, Loren McDonald, sur le balado ThinkEnergy (en anglais seulement). Loren est éloquent sur les sujets suivants : comment les VE devraient être perçus comme des véhicules de stockage d’énergie, les avantages de la recharge bidirectionnelle et quoi envisager (louer versus acheter) pour suivre le rythme des avancées technologiques des VE.

Oyez, oyez, gens Ottawa! Réservez votre essai routier de VE et échangez avec des experts sur l’électrification de vos déplacements cet été. La Ville d’Ottawa fait équipe avec de nombreuses organisations locales pour lancer Expérience VE, un nouveau projet visant à rendre les véhicules électriques accessibles dans tous les quartiers d’Ottawa. Pour en savoir plus, visitez www.evexperience.ca

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