Le mot électrification vous dit-il quelque chose? Si vous répondez par la négative, ne vous en faites pas, vous n’êtes pas seul. Mais c’est un terme que vous risquez d’entendre de plus en plus souvent au cours de la prochaine décennie alors que le Canada s’efforcera d’atteindre ses cibles de carboneutralité, particulièrement son objectif visant à ce que l’électricité soit entièrement exempte d’émissions d’ici 2035.
À l’heure actuelle, l’industrie canadienne de l’électricité est l’une des plus propres au monde : 80 % de l’électricité produite à travers le Canada provient de sources complètement exemptes d’émissions de gaz à effet de serre. Le secteur ontarien de l’électricité est sans émissions dans une proportion de 94 %, et ce, grâce à l’énergie nucléaire (56,8 %), à l’énergie hydraulique (24,4 %) et à une infrastructure grandissante de sources renouvelables comme le solaire, l’éolien et la bioénergie (11,6 %).
Le grand volte-face
Bien qu’il y ait encore du travail à faire pour rendre encore plus propre le secteur de l’électricité au Canada, dans les faits, ce n’est pas un enjeu sur le plan des changements climatiques. Cependant, selon l’Institut climatique du Canada, principal organisme de recherche sur les politiques climatiques au Canada, l’électricité est la solution. Son récent rapport, intitulé Volte-face, affirme que tous les chemins vers la carboneutralité doivent d’abord passer par l’électricité. C’est là que le mot électrification prend vraiment tout son sens.
« Le Canada s’est récemment engagé à atteindre un objectif ambitieux de carboneutralité d’ici 2050, ce qui signifie que le Canada a convenu d’abaisser nos émissions le plus près possible de zéro », dit Caroline Lee, cheffe de projet de recherche en atténuation à l’Institut climatique du Canada. « Si des émissions coûtent trop cher à éliminer ou qu’elles sont techniquement difficiles à retirer de l’économie, alors nous devons les compenser d’une façon ou d’une autre. »
Afin de composer proprement avec cette vaste électrification – et compte tenu de l’ampleur que le pays souhaite qu’elle prenne –, le secteur de l’électricité du Canada doit non seulement atteindre entièrement la carboneutralité d’ici 2035, mais il doit aussi doubler ou tripler d’ici 2050 la puissance électrique dont il dispose maintenant.
Caroline Lee admet qu’il s’agit d’un objectif ambitieux et qu’il y a beaucoup de travail à faire pour assurer son succès, particulièrement dans le secteur de l’électricité. « Quand on dit que tous les chemins vers la carboneutralité doivent passer par l’électricité, on a une bonne raison. Après avoir examiné toutes les études portant sur l’atteinte de la carboneutralité au Canada, on a constaté qu’il n’y a aucun parcours crédible sans un volte-face vers l’électricité – et sans que la production de cette électricité devienne plus propre. Alors, on a réellement vu à quel point le rôle de l’électricité est critique pour atteindre les objectifs de carboneutralité du Canada. »
Les nombreux réseaux d’électricité du Canada
Cependant, pour compliquer les choses, le Canada n’a pas de réseau d’électricité interconnecté à l’échelle nationale, mais plutôt un grand nombre de réseaux spécifiques à chaque région du pays.
« Le Canada a plein de réseaux provinciaux. En grande partie, c’est parce que l’électricité est gérée par les provinces et les territoires », explique Caroline Lee. « La ressource n’est pas gérée directement par le gouvernement fédéral. Donc, on est conscients de l’espèce d’unicité régionale de tous ces réseaux et du fait qu’il n’y a aucune sorte de réseau unifié à travers le pays. »
Selon la Régie de l’énergie du Canada : « L’Ontario a des interconnexions avec le Manitoba, le Québec, le Michigan, le Minnesota et New York. La plupart des importations de l’Ontario proviennent du Québec, tandis que la plupart des exportations de l’Ontario vont à New York et au Michigan. »
« En Colombie-Britannique, il y a un type de réseau d’électricité, tandis que juste à côté, en Alberta, le marché de l’électricité est très différent », souligne Caroline Lee. « Mais on pense quand même qu’il y a des moyens de tester et de faire avancer l’intégration des réseaux entre des partenaires régionaux motivés. Je pense d’ailleurs aux provinces de l’Atlantique, qui ont lancé le projet de boucle de l’Atlantique, qui leur permettra essentiellement de mieux s’intégrer au réseau du Québec et de tirer meilleur parti de l’hydroélectricité québécoise. »
Dans son plan climatique, le gouvernement fédéral a annoncé la création d’un « conseil du réseau électrique » afin de stimuler davantage d’intégration entre différentes provinces, pour partager des pratiques exemplaires et potentiellement mettre sur pied des projets d’intégration.
Un réseau d’électricité pour les véhicules électriques et les bâtiments
Afin d’accéder à une ère où le Canada n’émet plus de gaz à effet de serre nocifs dans l’atmosphère, les experts recommandent que des changements considérablement soient apportés dans l’ensemble de l’industrie de l’énergie. Parmi ces changements : la réduction ou l’élimination du recours aux sources de combustibles fossiles, comme le pétrole raffiné pour les transports et le gaz naturel pour le chauffage des habitations et des entreprises, ainsi que de nouvelles solutions et des procédés énergétiques plus propres pour nos aciéries et cimenteries.
Le pays prend des mesures pour s’éloigner des automobiles à essence et au diesel afin de généraliser l’utilisation des véhicules électriques et, éventuellement, d’autres mesures pour délaisser les systèmes de chauffage au gaz naturel au profit des thermopompes. Par défaut, l’électricité devient donc la nouvelle source d’énergie plus propre servant à alimenter les véhicules personnels et les transports collectifs ainsi qu’à chauffer et climatiser les habitations et les entreprises. Un réseau d’électricité sans émissions permet même de rendre nos industries du ciment et de l’acier plus propres et plus compétitives à l’échelle internationale.
À l’échelle locale, des changements sont déjà en cours afin d’atteindre les cibles de carboneutralité fixées par la Ville d’Ottawa dans son Plan directeur sur les changements climatiques. Par exemple, la Ville vise à réduire de 43 % les émissions de carbone de la municipalité d’ici 2025.
L’électrification est peut-être un mot nouveau dans notre vocabulaire, mais le concept d’énergie propre et renouvelable ne l’est pas pour nous. En Ontario, Hydro Ottawa est le plus grand producteur d’énergie verte appartenant à une municipalité; nous produisons 128 mégawatts d’énergie propre au moyen de nos installations hydroélectriques, solaires et de biomasse. C’est suffisamment pour alimenter 107 000 habitations par année (ou un tiers de nos clients dans la capitale nationale). Et en 2021, nous avons annoncé que nous deviendrons le premier service public appartenant à une municipalité du Canada à rendre ses activités carboneutres d’ici 2030.
Sujet connexe : lisez notre blogue qui explique comment nous préparons notre réseau local et le faisons évoluer pour qu’il puisse composer avec l’adoption d’un nombre accru de véhicules électriques au cours des prochaines années.
Pour en savoir plus sur le potentiel de l’électrification, y compris son caractère abordable, écoutez notre conversation intégrale avec Caroline Lee, de l’Institut climatique du Canada, sur notre balado ThinkEnergy (diffusion en anglais seulement).
Petits ou grands gestes : vous pouvez faire une différence
- Pour découvrir des moyens peu coûteux de réduire votre propre empreinte carbone, consultez notre page de Trucs et conseils. Vous y trouverez de l’information précieuse sur le chauffage, l’éclairage et la gestion de votre consommation d’énergie.
- Pour les clients admissibles en fonction de leur revenu, le Programme d’abordabilité énergétique d’Économisez l’énergie offre des mises à niveau adaptées aux besoins spécifiques de votre habitation, le tout sans frais. Il peut s’agir d’éclairage DEL, de minuteries, de barres d’alimentation intelligentes, de thermostats intelligents, etc. Visitez le site Web pour obtenir plus de détails et savoir si vous êtes admissible.
- Il existe une multitude d’incitatifs pour les gens qui souhaitent réduire leur empreinte carbone. D’ailleurs, le gouvernement de l’Ontario a récemment clarifié les critères d’admissibilité des clients qui veulent produire de l’énergie renouvelable (ex. : avec un système solaire de toiture) par l’entremise d’un arrangement avec un tiers propriétaire.
- Et comme le secteur des transports est responsable d’un quart des émissions de gaz à effet de serre au Canada, il existe des incitatifs financiers pouvant atteindre 5 000 $ à l’achat ou la location de certains véhicules électriques. Ce programme est en vigueur jusqu’au 31 mars 2025 (ou jusqu’à épuisement des fonds).
- Enfin, une thermopompe est un excellent choix écoénergétique pour remplacer un système traditionnel de chauffage et de climatisation. Les thermopompes utilisent de l’électricité uniquement pour fonctionner – et non pour produire de la chaleur – et leur coefficient de performance est élevé. Elles joueront un rôle énorme dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre et contribueront aussi beaucoup à réduire les coûts énergétiques des habitations et des immeubles d’Ottawa au cours des années à venir. D’ailleurs, en tant que propriétaire résidentiel, vous pouvez maintenant recevoir jusqu’à 5 000 $ pour l’installation d’une thermopompe grâce à la Subvention canadienne pour des maisons plus vertes. De plus, les thermopompes sont admissibles à du financement dans le cadre du Programme Maisons Durables de la Ville d’Ottawa.