Avec des vents soufflant jusqu’à 190 km/h, le puissant dérécho qui a dévasté notre ville le samedi 21 mai a laissé dans son sillage une destruction d’une ampleur jamais vue auparavant à Ottawa. On n’a qu’à penser aux graves dommages causés aux résidences, aux bâtiments et à la forêt urbaine ainsi qu’aux ravages subis par notre infrastructure électrique. C’est la plus grosse tempête que nous ayons connu à ce jour – bien pire que la crise du verglas de 1998 et que les tornades de 2018.
Ce n’est pas peu dire, comme les Ottaviens le savent. Bien que notre ville ait essuyé de solides tempêtes au fil des années, celle-là a été particulièrement éprouvante pour les nombreux citoyens qui ont été confrontés à des dégâts sans précédent à leur propriété et qui ont attendu patiemment que leur service d’électricité soit rebranché.
Un mois plus tard, nous en sommes encore à évaluer la pleine portée de cet événement historique qui a abattu des pylônes d’Hydro One, endommagé plus de 400 de nos poteaux et renversé des kilomètres de lignes électriques. Au total, nous avons dénombré plus de 1 000 pannes de courant simultanées dans l’ensemble de la ville et 180 000 clients privés d’électricité. Bien que nous ayons réussi à rétablir le service en moins de 48 heures pour la moitié des clients touchés, nombreux sont ceux pour qui la panne a persisté durant des jours tandis que quelques dizaines de résidents ont été privés de courant pendant près de deux semaines en raison des dommages subis par leur installation électrique résidentielle. D’ailleurs, des inspections et des travaux de nettoyage sont encore en cours dans certains des quartiers les plus durement touchés de la ville, et nos équipes continuent de découvrir des dommages sur le terrain des clients et sur nos installations.
Il va sans dire que cet événement catastrophique nous a laissé des enseignements, qui sont désormais intégrés à notre plan de préparation et de communication en situation d’urgence.
Plus grosse et plus dévastatrice que toutes les autres
Au cours d’une année normale, Hydro Ottawa remplace en moyenne entre 325 et 350 poteaux dans le cadre de ses travaux planifiés. Lors de la crise du verglas de 1998, nous avons perdu 50 poteaux, et après les tornades de 2018, nous avons dénombré 88 poteaux abattus. Le dérécho de 2022 passera à l’histoire d’Hydro Ottawa en tant que tempête la plus destructrice avec un bilan de plus de 400 poteaux endommagés.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’offensive de rétablissement du service a été une opération colossale : en 14 jours, nous avons réalisé l’équivalent de quatre années de travaux de construction et de réparations d’urgence. Pour compliquer les choses davantage, d’innombrables arbres ont été déracinés, des branches se sont enchevêtrées sur les lignes aériennes et de nombreux débris ont atterri sur le terrain des clients. Sans compter la main-d’œuvre supplémentaire qui a été nécessaire pour réparer ou remplacer chacun des poteaux d’hydro endommagés sur notre territoire de 1 100 kilomètres carrés.
Pour vous donner une idée, les villes de Toronto, Montréal et Vancouver pourraient toutes être transplantées dans les limites du territoire de service d’Hydro Ottawa. Pour les équipes, c’est un immense secteur à couvrir, même avec 300 % plus de techniciens sur le terrain affectés aux réparations et aux raccordements.
Selon le Weather Network (l’équivalent canadien-anglais de MétéoMédia), plus de 40 % de la population du Canada a été touchée par la tempête de la longue fin de semaine de mai. C’est parce que le dérécho a déferlé sur trois des quatre plus grandes villes canadiennes, situées dans la partie la plus peuplée du pays, causant des dégâts et des pannes sur 1 000 kilomètres, lesquels ont atteint approximativement 925 000 foyers (de la frontière du Michigan jusqu’à la ville de Québec).
Un dérécho est une tempête de vent intense, qui se déplace rapidement et qui couvre une large superficie. Le phénomène s’accompagne parfois d’orages violents qui se déplacent sur une grande distance et qui sont caractérisés par des rafales dévastatrices. Disons que c’est pas mal ce que nous avons vécu.
Hydro Ottawa continue de prendre différentes mesures pour améliorer la résilience du réseau de distribution lors des tempêtes et pour se préparer à composer avec les événements météo graves, dont la fréquence augmente. D’ailleurs, nous nous sommes occupés de rendre notre infrastructure plus robuste en fonction des grandes leçons que nous avons tirées des événements météo dévastateurs qui se sont abattus sur la capitale au cours des six dernières années. En plus de nos plans d’action pour tester des stratégies « antichute en cascade » le long d’un corridor nord-sud, conçues pour protéger notre réseau contre le vent, nous poursuivons le remplacement des installations vieillissantes et la modernisation de diverses structures. Nous explorons aussi des améliorations à apporter à notre plan de gestion de la végétation et à nos normes de conception aérienne, qui seraient susceptibles de protéger notre réseau lors des graves tempêtes de vent et de verglas. Cependant, compte tenu de sa rareté, le dérécho n’était pas nécessairement sous notre radar.
Nous savons que vous vous demandez ceci : pourquoi ne pas simplement enfouir les lignes électriques?
Notre objectif consiste à fournir un service d’électricité fiable tout en maintenant les tarifs à un niveau abordable pour nos clients. Ce qui veut dire que nous devons prendre des décisions prudentes relativement aux installations souterraines, et ce, pour contrôler nos coûts. Avant notre fusion en 2000, les installations aériennes étaient pratique courante pour acheminer l’électricité dans les lotissements. Après la fusion, Hydro Ottawa a commencé à normaliser l’enfouissement des installations de distribution dans les nouveaux lotissements.
La reconfiguration d’un réseau d’électricité après la construction d’un lotissement – transition d’une structure aérienne à une structure souterraine – est très onéreuse. À titre indicatif, une installation de service entièrement souterraine coûte habituellement jusqu’à 11 fois plus cher qu’une installation aérienne. En effet, les coûts d’une infrastructure souterraine varient entre 2,5 M$ et 5,5 M$ par kilomètre, tout dépendant du type de service installé et du secteur géographique.
La politique de la Ville d’Ottawa relativement à l’enfouissement des lignes électriques aériennes n’a pas changé depuis son adoption par le conseil municipal le 13 avril 2011 : « que l’enfouissement des lignes aériennes dans les emprises de la Ville soit réalisé uniquement lorsque le coût total des travaux d’enfouissement est payé par la partie qui en fait la demande, ou autrement approuvé par le conseil, au cas par cas. »
S’adapter au futur
Alors que nous nous préparons aux pires scénarios quant aux événements météorologiques à venir, nous devons le faire en ayant nos clients à l’esprit. Comme mentionné précédemment, il y a beaucoup à apprendre de ce phénomène météo inhabituel – leçons qui auront une influence sur nos méthodes de planification et sur nos pratiques en matière de renforcement contre les éléments.
Également, il importe de souligner que les événements météo comme le dérécho, les tornades, les tempêtes de verglas, les inondations et les vagues de chaleur annuelles que nous vivons à Ottawa sont tous des symptômes du phénomène planétaire de changements climatiques. À cet égard, nous nous engageons à continuer d’analyser et d’adapter nos pratiques actuelles de planification et de construction afin d’atténuer les risques et de nous assurer d’arrimer notre travail à la science et aux tendances climatiques. D’ailleurs, nous prenons des mesures proactives pour rendre nos activités carboneutres d’ici 2030, comme en témoigne cet article publié en janvier 2022.
Hydro Ottawa tient à remercier ses clients pour leur patience, leur soutien et leur compréhension. Nos employés, secondés par 335 techniciens supplémentaires déployés en renfort par Toronto Hydro, London Hydro, Kingston Utilities, Cornwall Electric et par de nombreux entrepreneurs, ont travaillé jour et nuit pour rétablir le courant pour chacune des maisons et entreprises de notre ville.
Les chiffres parlent
Finalement, nous avons conçu cette illustration pour comparer le dérécho de mai 2022 aux tornades de 2018.